En 2013, le nom OUYA était dans toutes les bouches, car il rimait avec une « révolution » autoproclamée du monde du jeu vidéo. Tout a commencé en 2012 avec l’une des campagnes Kickstarter les plus réussies de l’histoire de la plateforme.
L’OUYA a été présentée comme une plateforme de jeu vidéo de classe mondiale mais au prix abordable, à utiliser avec une télévision. Elle a fini par dépasser de loin l’objectif de financement collectif fixé à l’origine.
Un léger retard avait été annoncé, mais globalement, le lancement de la console OUYA semblait se passer sans accrocs. Et une fois lancée, il est vrai avec un peu de retard, la console de jeu OUYA était dans les rayons, elle avait des jeux, une manette qui se distinguait des manettes PC, et de nombreux participants au financement avaient reçu le nouvel équipement.
Pourtant, tout ne tournait pas rond avec la nouvelle console de jeu sous Android, et une série de problèmes, qui se sont révélés plus tard être de véritables signes avant-coureurs des fondations chancelantes de la console, se sont manifestés. En fin de compte, l’OUYA Android n’a pas retrouvé son souffle après un coup d’envoi faible, et aujourd'hui, la console OUYA n’existe plus.
La question est donc de savoir comment l’OUYA a atteint des sommets, car elle semblait avoir tenu ses promesses, puis s’est écroulée pour rejoindre la montagne de consoles portables ou non qui ont tenté sans succès de « changer la face de l’industrie » en rivalisant avec les géants tels que Sony, Nintendo ou encore Microsoft.
Suite à l’affrontement au sommet entre la Xbox 360, la PlayStation 3 et la Wii, qui a commencé en 2005, les gamers attendaient avec impatience la huitième version des générations de consoles.
Finalement, la Wii U a fait l’effet d’un coup d’épée dans l’eau, mais 2013 promettait d’être une meilleure année pour la PS4 et la Xbox One, pourtant plus chères. C’est là que l’OUYA Android s’est engouffrée dans la brèche.
Face à la croissance exponentielle de la popularité du téléphone gamer, des jeux sur smartphone au prix abordable et des jeux en ligne gratuits, la fondatrice d’OUYA, Julie Uhrman, a décidé que ce que les gens voulaient, c’était un rapport qualité-prix avantageux, mais pour des jeux sur télévision.
La perception derrière le projet OUYA était qu’une télévision et une manette étaient le nec plus ultra d’une expérience de jeu de qualité, sans nier les attraits intrinsèques aux jeux sur application, plus petits par nature, mais pas moins populaires pour autant.
Simultanément, OUYA nourrissait l’espoir d'attirer des valeurs sûres du jeu vidéo, comme des RPG ou des jeux de survie.
Bref, l’OUYA s’est donné pour objectif d'être l’opposé de la Xbox One et de la PlayStation 4.
Par exemple :
Au-delà de ces promesses adressées aux consommateurs, le site web de la console OUYA proposait également de rendre la plateforme accessible à tous les développeurs. La console devait permettre d’utiliser tous les kits de développement, l’OUYA était complètement hackable et les développeurs n’auraient pas dû payer de frais de licence.
Avec cette vision idéaliste qui associait le jeu sur télévision et l’accessibilité sur tous les fronts, rien de surprenant à ce que le projet ait reçu tant de soutien.
Ajoute à ça des slogans sur la page Kickstarter de la console comme « Cerise sur le gâteau, la manette, la console et l’interface de classe mondiale de l’OUYA sont livrés dans un package stylé et peu coûteux. Tous les jeux accessibles sur la console seront gratuits, en tout cas en phase d’essai », et tu obtiens un succès de masse.
L'objectif original du projet était de rassembler 950 000 $, ce qui représentait déjà une somme colossale. Après un jour seulement, le projet avait récolté 2 millions de dollars. A la fin de la campagne, le montant total rassemblé était de 8 596 474 $.
Le public avait foi en cette potentielle tueuse de consoles, mais un an seulement après le lancement du projet (le 10 juillet 2012), il ne leur restait qu'un goût amer en bouche.
Dès le début, certaines personnes ont émis des doutes quant à la faculté d’une entreprise à vendre l’OUYA à 99 € la pièce tout en réalisant toutes ses promesses, mais celles qui ont soutenu le projet y croyaient fermement. Le lancement ayant été prévu pour juin 2013, Uhrman est apparue en tant que troisième intervenante au festival SXSW Interactive.
Que ce soit à cause de la focalisation sur le prix très bas et accessible du produit ou d’un manque de préparation, le Q&A de la console de jeu OUYA n'a pas vraiment donné envie de l’acheter.
Non seulement Uhrman a emporté le prototype sur scène dans un simple sac en papier, mais elle l’a également décrit comme n’étant « rien de spécial ». Le fait qu’Uhrman ait répondu « je ne sais pas » à la question de savoir quels jeux seraient disponibles au lancement n’a pas aidé non plus.
Le lancement de la console a été reporté au 25 juin, soit quelques semaines de plus que prévu, pour régler les dernières questions de livraison. Pour autant, le site de la console OUYA était en ligne, et il indiquait même que plus de 100 jeux y étaient disponibles. Et les précommandes fusaient. Puis est arrivé le salon international de jeux vidéo E3 2013.
Le 13 juin, on a appris qu’OUYA avait installé un stand en face de la salle de convention de l’E3, car l’entreprise n’avait pas été invitée à participer à l’événement à proprement parler.
L’Entertainment Software Association (ESA), responsable de l’E3, a décidé de garer un camion devant le stand pour le cacher, et pour contrecarrer cette manœuvre, le stand OUYA s’est étalé devant le camion. L’ESA a appelé la police, mais cette dernière n’a rien pu faire. Tout semblait être en ordre.
Le stand offrait bel et bien des démonstrations jouables de ses meilleurs jeux et présentait les opportunités ouvertes aux développeurs, mais les participants au financement collectif ont remarqué des problèmes.
La console de jeu OUYA offrait la possibilité de jouer à des jeux et d’utiliser des plateformes indépendantes de petites dimensions. L'appareil avait quatre menus : Jouer, Créer, Gérer et Découvrir. Les options Jouer et Découvrir permettaient de trouver des jeux OUYA.
Dans le menu Créer, les développeurs pouvaient garder une vue d’ensemble des applications qu'ils étaient en train de construire.
Cependant, la console OUYA a été critiquée, car elle avait beaucoup de potentiel, mais manquait sérieusement de qualité. La manette OUYA était de mauvaise facture et fragile, et les jeux OUYA étaient de qualité médiocre. Ces défauts ont coulé la console, dont la production a été interrompue en juillet 2015.
Pour le dire clairement, non. L’OUYA n’existe plus. Une fois la vente de la société et de ses actifs à Razer Inc. accomplie, le site web de la console OUYA a été fermé, la production des équipements tels que les manettes et les consoles OUYA a été interrompue et le service d'assistance a enfin été fermé en juin 2019.
La plateforme avait beau être très accessible, l’OUYA a échoué parce qu’elle n'a pas respecté sa promesse de fournir « une manette, une console et une interface de classe mondiale ». Tous ces aspects de la console ont généralement été considérés comme de qualité médiocre, tout particulièrement la manette OUYA, et, à l’exception près de TowerFall, aucun des jeux de la console n’a suscité l’enthousiasme du public.
Techniquement, l’OUYA a continué à exister pendant quelques années (sous Razer), mais il ne serait pas faux de dire que l’OUYA est morte dans les deux ans suivant son lancement sur Kickstarter à 8,6 millions de dollars.